Une stagiaire met au point une application pour détecter la dépression grâce à la parole

 

Mashrura Tasnim

Dans sa jeunesse, Mashrura Tasnim était fascinée par les progrès technologiques qui se produisaient autour d’elle. Au moment de choisir sa carrière, elle savait qu’elle voulait faire partie de ce mouvement.

Les mathématiques et les sciences étaient ses matières préférées lorsqu’elle étudiait au Bangladesh. Elle a participé avec succès à de grandes compétitions nationales de mathématiques, remportant une première victoire en huitième année (l’équivalent de la deuxième secondaire), et a eu la chance de rencontrer de nombreux mathématiciens et scientifiques célèbres qui l’ont inspirée.

Aujourd’hui, Mme Tasnim met en pratique sa passion pour les mathématiques, les sciences et la technologie en tant qu’étudiante au doctorat en informatique à l’Université de l’Alberta et stagiaire de AGE-WELL. Elle travaille actuellement à un projet de recherche qui utilise l’intelligence artificielle pour détecter la dépression.

Mme Tasnim et sa superviseure, Eleni Stroulia, élaborent un modèle d’apprentissage automatique qui peut surveiller l’état émotionnel d’une personne en fonction du son de sa voix. L’objectif du projet est de créer une application qui pourrait être utilisée pour faire le suivi des signes de l’humeur, comme ceux qui annoncent la dépression.

« Nous avons recueilli des échantillons de voix de personnes dépressives et non dépressives. Nous avons examiné des caractéristiques comme le volume et le ton, et les avons analysées pour prédire les signes de dépression, explique Mme Tasnim. Une fois que nous avons un modèle suffisamment précis, nous pouvons l’intégrer à une application qui peut surveiller continuellement l’état émotionnel d’une personne. »

L’application, qui pourrait être utilisée sur un téléphone intelligent, est destinée à toute personne souhaitant surveiller son état psychologique, y compris les personnes ayant reçu un diagnostic de dépression.

Mme Tasnim a eu l’idée de créer une telle technologie lorsqu’elle travaillait comme chargée de cours à l’Université de l’Est au Bangladesh. Sa collègue, qui était la conseillère psychosociale de l’école, a souvent affirmé qu’elle avait besoin d’un système qui pourrait l’aider à surveiller la situation de ses patients, surtout ceux qui souffrent de dépression.

« Plus j’étudiais la dépression, plus je me rendais compte que des millions de personnes en souffrent. Les étudiants, en particulier, sont soumis à un stress mental qui nuit à leur réussite scolaire, ce qui peut mener à la dépression ou à des pensées négatives », souligne Mme Tasnim.

Selon le Centre de toxicomanie et de santé mentale, la dépression peut toucher des personnes de tout âge, mais on échoue souvent à la reconnaître chez les personnes âgées.

« Faire partie d’un projet qui permet d’apporter une contribution positive et peut même sauver une vie en détectant la dépression et en incitant les gens à obtenir de l’aide, je trouve cela vraiment gratifiant. »

Après avoir quitté le Bangladesh pour le Canada, Mme Tasnim a d’abord eu de la difficulté à s’adapter et à s’épanouir en tant que chercheuse. Heureusement, Mme Stroulia, qui travaillait à un projet lié au vieillissement en santé, lui a fait connaître le réseau AGE-WELL et l’a encouragée à s’impliquer.

« Pour une chercheuse comme moi, déménager à l’autre bout du monde n’a pas été facile, mais le fait de me joindre au réseau AGE-WELL comme stagiaire m’a vraiment donné l’impression de faire partie d’une communauté diversifiée de chercheurs qui offrait des ressources pertinentes, explique Mme Tasnim. Le programme de stages d’AGE-WELL est vraiment bien conçu. J’ai participé à de nombreux cours qui m’ont aidée dans mes recherches, comme les cours portant sur les méthodes de recherche, l’éthique et l’art de parler en public. C’était vraiment emballant pour moi en tant que nouvelle arrivante et encore maintenant, alors que je continue de m’épanouir à titre de chercheuse. »

Alors que Mme Tasnim poursuit ses études de doctorat et son projet, elle est ravie de commencer un stage à Winterlight Labs, une entreprise appuyée par AGE-WELL qui a conçu une évaluation sur tablette pour surveiller les troubles cognitifs par la parole.

« En grandissant, nous voyons nos parents et nos grands-parents prendre de l’âge et nous voulons faciliter le processus de vieillissement. Il est important de trouver des façons d’utiliser la technologie pour soutenir le vieillissement en santé. Je me passionne pour les technologies comme celles-ci parce qu’elles peuvent contribuer à changer les choses. »