Jesse Mastrangelo n’avait pas l’intention de devenir entrepreneur. Pendant très longtemps, il pensait intégrer la faculté de médecine, mais tout a changé lorsqu’il a découvert les marathons de programmation, aussi nommés les « hackathons », alors qu’il était étudiant de troisième année en sciences à l’Université McMaster à Hamilton, en Ontario.

Jesse Mastrangelo
« Sur un coup de tête, j’ai commencé à assister à des événements organisés par Hacking Health, dont l’objectif est de permettre aux gens d’établir des liens afin de résoudre des problèmes en matière des soins de santé. Nous avons ainsi formé des équipes et passé de longues soirées, autour d’un plat, à la recherche de solutions. C’était ma première expérience dans le monde des entreprises en démarrage », explique-t-il.
Ce fut la piqûre pour lui. Il s’est alors inscrit à d’autres « hackathons ». Lors d’un événement, son équipe a remporté le premier prix pour avoir créé un système en temps réel afin d’aider les familles à s’y retrouver dans le processus de demande pour les établissements de soins de longue durée en Ontario. « Mon cerveau aime être en mode d’idéation », mentionne-t-il.
Au lieu de faire ses études de médecine, M. Mastrangelo a obtenu une maîtrise en gestion de l’Université Queen’s. Ses travaux se concentrent tout particulièrement sur l’innovation et l’entrepreneuriat dans le secteur du vieillissement. Dans le cadre d’un cours, Jesse Mastrangelo et plusieurs condisciples ont visité plus de 40 résidences pour personnes âgées afin de comprendre les besoins et les expériences des résidents. Ils y ont pris des repas et ont même passé la nuit dans différents établissements.
Voici l’un de leurs principaux apprentissages tirés de cette expérience : « Les personnes qui mettaient un sourire sur le visage de tout un chacun dans ces établissements étaient toujours les coordonnateurs des loisirs. Ce sont eux qui connaissent les noms de tout le monde, qui dirigent l’ensemble des activités, qui planifient toutes les sorties. » Toutefois, les étudiants ont remarqué que les coordonnateurs des loisirs étaient généralement débordés par des tâches administratives, les empêchant ainsi de consacrer ce temps aux résidents.
Le groupe de Jesse Mastrangelo s’est donc mis au travail. Ils ont ainsi conçu une application Web pour automatiser certaines de ces tâches administratives. Ils ont également mis en place un système de réservation en ligne pour permettre aux artistes, aux professeurs d’art et aux autres membres de la collectivité de venir plus facilement dans les établissements de soins de longue durée pour faire profiter de leurs talents les résidents.
Un jour, alors que M. Mastrangelo effectuait des recherches en ligne sur Google relativement au vieillissement et à la technologie, le nom d’AGE‑WELL s’est affiché à l’écran. Intrigué, il a soumis une demande afin de prendre part au programme de formation EPIC du réseau en tant que PHQ affilié (personnel hautement qualifié) ou stagiaire.
« Ce choix s’est avéré bénéfique », déclare-t-il. M. Mastrangelo a ainsi été sélectionné pour participer à l’Institut d’été d’AGE‑WELL. Dans le cadre d’un programme de formation immersif d’une semaine, les participants forment des équipes et travaillent en étroite collaboration avec des mentors pour cerner un problème et trouver une solution. Cette année-là, ils se sont attaqués au problème de l’isolement social.
« C’était un excellent exemple de ce qui peut être accompli dans un délai très court d’une semaine quand on y pense », mentionne M. Mastrangelo. Selon lui, il était essentiel de mobiliser les personnes âgées et les aidants naturels, tout comme d’avoir une équipe interdisciplinaire.

L’équipe Echidna présente leur technologie appelée Lighthouse. Voici les membres de l’équipe, de gauche à droite : Susan Lee, Amna Liaqat, Iulia Niculescu, Jesse Mastrangelo, Mineko Wada (absent : Karan Shastri), avec Andrew Sixsmith, directeur scientifique associé d’AGE-WELL.
M. Mastrangelo faisait partie de l’équipe Echidna, qui a proposé une technologie appelée Lighthouse. Elle prend la forme d’œuvres d’art personnalisées pour favoriser l’engagement social à longue distance entre des familles séparées géographiquement. L’équipe a depuis développé plusieurs prototypes et a reçu le prix de la meilleure démonstration à la conférence annuelle d’AGE‑WELL en octobre 2019. M. Mastrangelo a assisté à cette conférence, qui s’est tenue à Moncton, au Nouveau-Brunswick, et a rencontré de nombreux intervenants du secteur de la technologie et du vieillissement.
« C’est très inspirant de voir toutes ces innovations, fruit des efforts au sein du réseau d’AGE‑WELL. Et il existe une multitude de ressources de soutien pour les stagiaires », déclare M. Mastrangelo, qui a assumé les fonctions de vice-président du Comité consultatif du PHQ d’AGE‑WELL.
Compte tenu de son intérêt pour les soins de santé, de son esprit d’entreprise et de sa passion pour la résolution de problèmes, ce ne fut une surprise pour personne lorsque M. Mastrangelo a été embauché en 2020 à titre de gestionnaire de projet, Commercialisation, au Centre d’innovation canadien sur la santé du cerveau et le vieillissement (CABHI), un partenaire d’AGE‑WELL.
Qu’est-ce qui explique sa volonté de soutenir les personnes âgées?
« Cette détermination découle de ma propre expérience avec mes grands-parents. J’ai été témoin de toute la progression, des services de soins à domicile à la vie en appartement pour les personnes âgées jusqu’aux établissements de soins de longue durée. Je pense que tout le monde peut s’identifier à une telle situation, dit-il. Tout au long de mes études de premier cycle, nous avons beaucoup discuté des mesures possibles à mettre en place au cours des prochaines décennies afin de gérer l’arrivée massive de personnes âgées dans le système. Relever ce défi nécessitera les efforts conjoints de tous les intervenants. »
M. Mastrangelo est déterminé à faire sa part afin de mener à bien cette mission. « Tout repose sur la volonté de résoudre les problèmes et d’engendrer des retombées positives. »