Aider les gens à choisir la bonne application de santé mobile

L’ergothérapeute Peyman Azad Khaneghah a commencé son doctorat à l’Université de l’Alberta, déterminé à créer une application mobile pour aider les patients à repérer les signes de dépression et d’autres maladies mentales.

Peyman Azad Khaneghah a créé un système d’évaluation des applications de santé.

Compte tenu des plus de 300 000 applications de santé déjà sur le marché, il s’est vite rendu compte que ce dont les gens auraient le plus besoin serait d’une aide pour faire le tri parmi cette multitude d’offres souvent déroutante.

C’est ainsi que M. Azad Khaneghah a créé un système d’évaluation des applications, qu’il est en train de peaufiner et de mettre en ligne dans le cadre d’un projet de recherche financé par AGE-WELL. Ce projet bénéficie également d’un soutien non monétaire de l’Organization for Bipolar Affective Disorders, un organisme de soutien pour les personnes vivant avec un trouble bipolaire et leurs proches.

L’objectif est de fournir aux utilisateurs d’applications, aux proches aidants et aux fournisseurs de soins de santé les outils nécessaires pour poser les bonnes questions lorsqu’ils cherchent une application, énonce-t-il.

« Ce n’est pas un jeu. C’est une application que vous utiliserez pour améliorer votre santé », explique M. Azad Khaneghah, qui est maintenant titulaire d’une bourse de recherche postdoctorale à l’Université de Waterloo. « Il vous faudra donc faire preuve de prudence dans vos décisions. »

Il est facile de tomber dans le piège en fondant son choix sur des caractéristiques « superficielles », comme l’apparence d’une application, et en omettant les inconvénients possiblement importants. De nombreuses applications présentent des lacunes en matière de protection de la vie privée et de sécurité ou des allégations non corroborées sur le plan de la santé, ou peuvent être produites par des développeurs peu fiables, dit-il. D’autres applications mobiles peuvent être dispendieuses, alors qu’elles offrent des avantages minimes ou non éprouvés.

« La plupart de ces applications ne sont pas appuyées par des données cliniques ou des études », fait-il remarquer. « Les promoteurs de ces applications prétendent qu’elles peuvent atténuer la dépression ou contrôler l’anxiété, mais sur quelles données probantes s’appuient-ils pour faire ces allégations? C’est là que la plupart de ces applications échouent au test. »

Le projet ne vise pas uniquement les utilisateurs d’applications. M. Azad Khaneghah espère également que le système d’évaluation encouragera les promoteurs à mieux valider leurs allégations.

Le système, appelé Alberta Rating Index for Apps (ou ARIA), que l’on peut traduire comme l’indice d’évaluation des applications de l’Alberta, est un processus en deux étapes qui oriente les utilisateurs quant aux facteurs à prendre en compte avant de télécharger une application et pendant qu’ils l’utilisent.

M. Azad Khaneghah croit que le système est plus important que jamais compte tenu de la pandémie de COVID-19 et de ses répercussions négatives sur la santé mentale.

Avec l’aide du Games Institute (l’institut des jeux) de l’Université de Waterloo, il travaille à l’ajout de tutoriels vidéo et de guides d’animation interactifs au site Web.

« Ce projet tire son origine de ma formation d’ergothérapeute », déclare M. Azad Khaneghah, qui exerce à Edmonton. Membre du personnel hautement qualifié d’AGE-WELL (où il est stagiaire), il s’intéresse tout particulièrement aux applications de santé mobiles pour les personnes âgées.

L’objectif est de mettre le système d’évaluation en ligne au début de 2021, sous forme de répertoire collaboratif d’applications de santé mobiles dans lequel les utilisateurs peuvent voir des résumés des évaluations disponibles.

M. Azad Khaneghah réfléchit déjà aux prochaines étapes du système d’évaluation. Il envisage notamment de tirer profit de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage automatique pour automatiser la mise à l’essai et l’évaluation des applications. Il a toutefois mentionné que cela nécessitera plus de recherche, qu’il a hâte d’amorcer avec sa superviseure et chef de projet Lili Liu, de l’Université de Waterloo.

« C’est un plan très ambitieux, reconnaît-il, mais c’est ma vision à long terme. »