Un nouveau traitement pour la vessie touche un nerf sensible

Sur papier, les symptômes de la vessie hyperactive ne semblent pas très graves. Mais passez une journée dans la peau de quelqu’un qui en souffre et vous vous constaterez rapidement à quel point la maladie peut être dérangeante.

Paul Yoo, président, directeur scientifique et cofondateur d’EBT Medical Inc.

Paul Yoo, président, directeur scientifique et cofondateur d’EBT Medical Inc.

« Certains patients se réveillent toutes les heures pour aller aux toilettes », déclare Paul Yoo, président, directeur scientifique et cofondateur d’EBT Medical Inc., une entreprise en démarrage soutenue par AGE-WELL, et essaimée de l’Université de Toronto, qui s’emploie à commercialiser de nouvelles solutions à l’hyperactivité vésicale (HAV).

On estime que près d’un Canadien sur cinq de plus de 35 ans est touché par cette condition, qui cause souvent de l’anxiété, un retrait social, de la dépression et même des chutes en se précipitant aux toilettes. M. Yoo, ainsi que le cofondateur et chef de l’innovation d’EBT Medical, Sasha John, ont pour mission d’améliorer la qualité de vie de ces personnes.

Le traitement breveté et facile à utiliser, appelé SaphStim, est moins invasif que les dispositifs implantables pour traiter l’HAV et n’engendre pas les effets néfastes associés aux médicaments d’ordonnance. Il agit en appliquant des impulsions électriques de faible amplitude pour stimuler le nerf saphène dans la jambe du patient, ce qui, en retour, inhibe la fonction de la vessie. Des électrodes sont installées le long d’une bande portée autour du mollet et sont contrôlées par un appareil de la taille d’un téléphone sans fil.

Après avoir terminé avec succès une étude à l’Université de Toronto, au sein du réseau universitaire de santé, au cours de laquelle 12 patients ont utilisé le stimulateur 30 minutes par jour pendant trois mois, l’entreprise a récemment mis en œuvre deux essais plus importants. L’un est mené en partenariat avec une clinique d’urologie du centre-ville de Toronto et l’autre consiste en un essai multisite dans des cliniques de la Caroline du Nord, du New Jersey et de la Pennsylvanie.

Selon une des participantes de l’étude, cette technologie change totalement la vie du patient. « Je sais que ça marche parce que je n’ai pas à me précipiter aux toilettes tout le temps et que je n’ai plus de fuites », dit-elle.

EBT Medical utilise les données de l’essai pour perfectionner sa technologie et prévoit offrir un traitement autoadministré abordable. Le dispositif est connecté au téléphone intelligent du patient afin qu’un urologue puisse en assurer la surveillance à distance.

En 2018, l’entreprise a remporté un prix MassChallenge de 100 000 $, ce qui lui a valu d’être reconnue parmi les 128 entreprises en démarrage admises au programme d’accélération de Boston.

En novembre 2019, EBT Medical a annoncé qu’elle avait obtenu un financement de série A de 10 M$ US, mené par deux sociétés de capital-risque de premier plan, SV Health Investors et Genesys Capital.

« Nous ne serions pas à cette étape du processus de commercialisation sans le soutien combiné, dès le départ, de AGE-WELL et de l’Université de Toronto », dit M. Yoo.

Mise à jour : 22 novembre 2019