Aider les personnes à s’habiller, à manger des repas sains, à prendre leurs médicaments, en plus de faire le suivi de leurs signes vitaux, voilà quelques-unes des tâches quotidiennes que les robots d’assistance sociale seront bientôt en mesure d’accomplir – permettant ainsi de soutenir le vieillissement chez soi, en particulier chez les personnes âgées ayant une déficience cognitive.
« La réaction quant à ce projet et aux robots que nous avons mis au point a été exceptionnelle, déclare Goldie Nejat, directrice du Laboratoire des systèmes autonomes et biomécatroniques de l’Université de Toronto. C’est fantastique de voir le nombre de personnes qui veulent prendre part à ce projet, qu’il s’agisse de collaborateurs de l’industrie, d’établissements de soins de longue durée, de résidences pour personnes âgées ou d’utilisateurs. »
Mme Nejat, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les robots pour la société, et François Michaud, directeur fondateur de l’Institut interdisciplinaire d’innovation technologique (3IT) de l’Université de Sherbrooke, dirigent le projet d’AGE-WELL visant à créer des robots d’assistance sociale. Ces derniers seront sur le marché d’ici deux à cinq ans.
Les robots sociaux sont conçus pour inciter les personnes âgées ayant des difficultés cognitives à faire des activités quotidiennes, favorisant ainsi l’autonomie et une meilleure qualité de vie. Bon nombre des capacités antérieures de ces appareils, comme l’expression faciale, l’émotion et la préparation des repas, ont été mises au point à partir de Casper, un prototype de robot créé par l’équipe de Mme Nejat en collaboration avec le partenaire de l’industrie CrossWing Inc.
Puis est arrivée Mia qui, comme Casper, est une plateforme robotisée mobile imprimée en 3D de CrossWing, avec écran vidéo personnalisé, et dont le torse, la poitrine, les bras, la tête, les capteurs et l’intelligence ont été mis au point par l’équipe de Mme Nejat. Mia constitue la prochaine étape vers la commercialisation grâce à sa taille réduite et à ses capacités informatiques accrues.« Mia peut faire plus d’activités; elle peut détecter beaucoup plus de choses dans son environnement, et tout cela de l’intérieur du robot », explique-t-elle.
En utilisant des robots accessibles sur le marché, l’équipe a développé l’intelligence et les capacités du robot d’assistance sociale, et les a mises à l’essai. Leia, le robot de table Nao souvent utilisé dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de la recherche, a été personnalisé en tant « qu’assistant de garde-robe personnel » pour aider les personnes âgées à choisir une tenue adaptée aux activités de la journée et à la météo. Bien que l’analyse officielle soit en cours, la rétroaction initiale des essais effectués dans un établissement de soins de longue durée semble positive.
« C’est un appareil facile à utiliser, affirme Mme Nejat. Le robot est attachant; les gens seront donc enclins à faire l’activité avec ce dernier. »
Leia a également été conçue comme entraîneur pour des séances d’exercice. Les exercices pour le haut du corps d’adultes en santé se sont avérés faciles à exécuter, avec peu d’entraînement. En outre, le système a permis de déterminer de façon fiable si les participants avaient atteint leurs objectifs.
D’autres essais sont prévus dans un contexte de résidence pour personnes âgées ou d’établissement de soins de longue durée.
Que se passe-t-il si quelqu’un ne veut pas faire les exercices, manger ou prendre ses médicaments? Deux robots Nao se sont mesurés l’un à l’autre pour déterminer les techniques de persuasion les plus efficaces. Testées auprès de membres du public, deux stratégies de persuasion (« émotionnelle » et « logique ») ont été mises à l’épreuve, et seront explorées plus en profondeur par l’équipe de Mme Nejat dans le cadre du volet comportemental pour les robots d’assistance sociale.
Un autre robot mobile accessible sur le marché, appelé Pepper, a également été ajouté à l’équipe. L’idée est de voir dans quelle mesure une plateforme robotisée existante peut fonctionner si on y ajoute tous les composants informatiques, d’intelligence, d’activités et d’assistance améliorés du projet de robot d’AGE-WELL.
« Nous espérons apporter Pepper dans un établissement de soins de longue durée afin de le mettre à l’essai et de mener d’autres études d’interaction homme-robot », ajoute Mme Nejat.
Au Québec, M. Michaud a peaufiné et mis à l’essai le robot de téléprésence avec Telesystems Inc., un partenaire industriel. « Notre robot de téléprésence permet à un clinicien ou à un soignant de se déplacer dans la maison et d’interagir avec la personne à partir d’un endroit éloigné, déclare M. Michaud. Les fonctionnalités comme la navigation autonome, le suivi du visage et de la voix permettent à l’opérateur à distance de se concentrer sur l’interaction avec la personne et de minimiser les interventions en ce qui a trait à la navigation du robot. »
Non seulement les rendez-vous médicaux peuvent-ils être effectués de cette façon, mais les signes vitaux des personnes âgées, y compris leur poids, leur température, leur tension artérielle, leur électrocardiographie, leur glycémie, etc., peuvent être suivis au moyen de dispositifs de surveillance Bluetooth sans fil, validés, puis transmis dans leur dossier médical électronique.
L’équipe de M. Michaud a mené des essais dans 10 maisons typiques. L’équipe se prépare aux essais sur le terrain dans les résidences pour personnes âgées Chartwell, à Sherbrooke, cet automne.
Le projet de robot d’assistance sociale d’AGE-WELL doit en grande partie son succès à la participation de ses divers chercheurs, de ses partenaires industriels et des utilisateurs finaux qui y participent depuis le début. « CrossWing a beaucoup de chance de travailler avec les chercheurs d’AGE-WELL, notamment les équipes de l’Université de Sherbrooke et de l’Université de Toronto, indique Steve Sutherland, président et chef de la direction de CrossWing Inc.
La mission d’AGE-WELL est sans pareille au Canada en tant qu’intermédiaire de la collaboration transdisciplinaire, alors que nous cherchons à offrir aux personnes âgées des robots d’assistance sociale qui leur permettront de vivre de façon autonome dans leur propre maison, de se sentir confiants et de profiter pleinement de leur autonomie grâce à l’aide amicale de nos robots sociaux. »