Julie Robillard, neuroscientifique de l’Université de la Colombie-Britannique, et Jesse Hoey, informaticien de l’Université de Waterloo, se distinguent l’un de l’autre non seulement par la distance qui les sépare, mais également par leurs différentes expertises. Ces différences n’ont cependant pas empêché ces deux chercheurs d’AGE-WELL de mettre en commun leurs expertises universitaires variées au profit d’un effort conjoint visant à aider les personnes âgées à mieux utiliser la technologie.
Mme Robillard, spécialiste de la santé du cerveau et de l’expérience patient, et M. Hoey, spécialiste de l’informatique affective et de l’intelligence artificielle, se sont rencontrés à la conférence internationale de l’association Alzheimer américaine en 2016. Ils ont décidé de faire équipe pour étudier l’incidence de l’état émotionnel des personnes âgées sur leur façon d’interpréter l’information sur la santé trouvée sur Internet.
AGE-WELL a fourni du financement pour rendre possible cette collaboration originale. Leur projet, intitulé Émotion et MOtivation pour la TEChnologie (EMOTEC), vise à créer un « assistant virtuel » qui aide les personnes âgées atteintes ou non de démence à naviguer en toute sécurité en ligne.
« Le recoupement entre nos travaux nous permettait d’approfondir les questions que nous nous posions », explique Mme Robillard. La recherche comprend une série d’expériences menées en collaboration avec Tapestry Retirement Living, établissement de soins de longue durée à Vancouver, ainsi qu’avec des personnes âgées de la collectivité et leurs aidants naturels, qui testent la qualité de l’information en ligne, puis l’associent avec les émotions des utilisateurs finaux.
M. Hoey déclare que l’objectif de son étude, qui en est à sa deuxième année sur trois, est d’aider les personnes âgées à bénéficier de renseignements de santé légitimes en ligne tout en évitant les remèdes et les ressources de pseudomédecine susceptibles d’abuser des personnes ayant des capacités cognitives décroissantes.
L’assistant virtuel prendra probablement la forme d’un module externe de navigation qui affichera des messages adaptés selon l’état d’esprit de l’utilisateur et qui avertira celui-ci lorsque l’information en ligne n’est pas jugée digne de confiance ou appropriée.
M. Hoey précise que son travail consiste à élaborer les modèles informatiques sous-jacents qui prédisent les réactions des gens, tandis que Mme Robillard veillera à déployer ces modèles et à les tester.
M. Hoey affirme qu’il est important d’avoir à la fois les aspects technique et humain, et qu’AGE-WELL accorde une importance cruciale à la mobilisation des utilisateurs. « Il faut tisser des liens avec les gens qui utiliseront ces technologies. Sinon, le projet n’est qu’une coquille vide », déclare M. Hoey.
« Il est extrêmement avantageux pour moi de travailler en partenariat avec quelqu’un qui apporte une expertise aussi complémentaire. On aboutira à un produit innovant grâce à ce projet de recherche hors du commun », affirme Mme Robillard.