Un assistant virtuel qui peut inciter verbalement les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer à effectuer des tâches quotidiennes à la maison, comme se laver les mains, pourrait grandement améliorer l’autonomie des gens et soutenir leurs aidants naturels.
Mais imaginez si la voix et les directives pouvaient tenir compte de la personnalité d’une personne et de son état d’esprit actuel. C’est la raison d’être d’une nouvelle technologie appelée ACT@Home. Créé par Jesse Hoey, chercheur d’AGE-WELL ainsi qu’informaticien et cognitiviste à l’Université de Waterloo, l’assistant virtuel sensible aux émotions est conçu pour correspondre à la façon dont une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer se sent et pense.
« L’un des points faibles de la technologie de l’intelligence artificielle est son incapacité à s’adapter aux êtres humains sur le plan émotionnel », déclare M. Hoey. Le nouveau système surmonte ce problème en associant l’intelligence artificielle à des modèles sociaux et psychologiques qui recueillent des indices comme les expressions faciales et la posture d’une personne, puis il adapte ses messages en conséquence.
« L’émotion est ce qui motive les humains et nous pousse à agir », explique M. Hoey, dont la recherche sur ACT@Home est également soutenue par l’American Alzheimer’s Association. La maladie entraîne des problèmes de mémoire et de raisonnement, ainsi que des changements de personnalité et même des changements dans les rapports de force. Il dit qu’il est important d’interpréter la façon dont les messages d’un assistant virtuel pourraient s’adapter au « modèle mondial de la personne » et s’adapter en conséquence.
Par exemple, il suggère qu’une personne qui occupait un emploi de cadre de haut niveau dans le passé pourrait être plus réceptive à une voix et à des directives personnalisées de façon à démontrer du respect. Cela permet à la personne âgée « d’interagir de façon beaucoup plus naturelle et intuitive avec l’appareil ».
Une recherche connexe soutenue par AGE-WELL appelée « Émotion et MOtivation pour la TEChnologie » (EMOTEC), que M. Hoey effectue avec Julie Robillard, chercheuse d’AGE-WELL et professeure adjointe en neurologie à l’Université de la Colombie-Britannique, est axée sur le développement de cartes computationnelles qui déterminent les types d’interactions convenant le mieux aux personnes.
Leurs travaux sont menés en collaboration avec deux établissements de soins de longue durée, Schlegel Villages et le Research Institute for Aging à Waterloo, ainsi qu’avec Tapestry Retirement Living à Vancouver. Ils comprennent des entrevues avec des adultes âgés atteints ou non de la maladie d’Alzheimer et leurs aidants naturels.
L’objectif est de mieux comprendre la dynamique entre eux et leurs relations avec la technologie d’assistance. Le fait de pouvoir s’adapter aux utilisateurs sur le plan émotionnel permettra de surmonter un obstacle majeur au déploiement généralisé de la technologie d’assistant virtuel, assure M. Hoey.
Une fois ce problème réglé, ACT@Home sera prêt pour la conception finale, la production et les ventes dans quelques années seulement.