Dans les coulisses de l’Institut d’été d’AGE-WELL 2016 : l’élaboration de solutions réalistes

L’expérience d’apprentissage qu’a vécue Edwin Fong à l’Institut d’été d’AGE-WELL a été l’une des plus exaltantes, profondes et épuisantes de sa vie.

Et il n’hésiterait pas une seconde à y retourner.

“C’était la formation la plus intensive et la plus inspirante qu’il ne m’ait jamais été donné à suivre”, affirme M. Fong, un stagiaire d’AGE-WELL et physiothérapeute au Toronto Rehabilitation Institute du University Health Network, qui fait des études en vue de l’obtention d’une maîtrise en technologies éducatives à l’Université de la Colombie-Britannique.

“En résumé, il s’agissait d’un camp extrême pour les technologies liées aux soins de santé qui s’est terminé par une compétition de présentations du type Dans l’œil du dragon”, qu’a appréciée M. Fong, grand amateur Dragon’s Den, émission issue du même concept diffusée par la CBC ainsi que de sa contrepartie américaine Shark Tank.

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L’équipe rLife accepte le prix qui lui est décerné pour la conception et la présentation d’une plateforme en ligne visant à favoriser les interactions sociales chez les personnes atteintes de démence.

Sur une période de plus de cinq jours en juillet, M. Fong s’est joint à 17 autres jeunes professionnels et chercheurs émergents d’AGE-WELL provenant de partout au Canada dans la pittoresque région de Mont-Tremblant, au Québec. Regroupés en trois équipes de six, les chercheurs ont travaillé de très longues heures avec le soutien de mentors experts, y compris des chercheurs, une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer et un aidant naturel, pour mettre au point des solutions ou des technologies visant à d’améliorer la vie des aînés souffrant de démence.

L’Institut d’été fut fondé afin de proposer une expérience inédite à des stagiaires sélectionnés issus du programme d’employés hautement qualifiés d’AGE-WELL, qui offre aux chercheurs de la prochaine génération de la formation et des occasions de mentorat. Les équipes ont travaillé d’arrache-pied pour définir un problème, élaborer une solution, examiner les éléments d’un projet de l’étape du prototypage à celle de la commercialisation et enfin préparer une             courte présentation.

L’équipe rLife a gagné la compétition de présentations pour sa plateforme web permettant aux adultes atteints d’une démence légère à modérée de reprendre des activités enrichissantes dans la collectivité, comme le travail et des activités bénévoles et sociales.

 

“Nous souhaitions nous concentrer sur ce qui donne aux gens un sens à leur vie et du plaisir, déclare la présentatrice de l’équipe, Jenna Blumenthal. Les personnes qui reçoivent un diagnostic ne deviennent pas automatiquement passives. Elles ont toutes une précieuse contribution à apporter à la société.”

L’objectif du projet était d’aider les personnes atteintes de démence à conserver leur sens d’appartenance, à vivre à la maison de façon indépendante plus longtemps, à ralentir le déclin cognitif, à accroître leur niveau de satisfaction par rapport à leur vie ainsi que de promouvoir l’option de vieillir chez soi.

Le projet sera présenté à la conférence annuelle d’AGE-WELL cet automne et sera proposé pour d’autres conférences.

Malgré le peu de temps dont ils disposaient, la formule compétitive et les projets novateurs qui ont été créés, les participants s’accordaient pour dire que la leçon la plus importante tirée du stage à l’Institut d’été concernait les processus de recherche et de conception : mettre en place des équipes composées de chercheurs et de parties prenantes, consacrer du temps à la définition précise d’un problème avant d’adopter des solutions et s’assurer que les solutions répondent réellement aux besoins des personnes visées.

Team rLife accepts its award for designing and pitching an online platform to support the social interactions of individuals with dementia.

Les équipes ont effectué tout le processus de conception, de la définition du problème au prototypage en passant par la création de modèles d’affaires. Le tout s’est terminé en beauté par une compétition de présentations.

“Le stage à l’Institut d’été repose sur la transdisciplinarité, c’est-à-dire le regroupement de personnes maîtrisant de multiples disciplines pour atteindre un but commun”, explique Samantha Sandassie, administratrice, Éducation et formation, à AGE-WELL. “Lorsque l’on met à contribution toutes ces différentes perspectives, on peut créer quelque chose de novateur et d’emballant. Ainsi, l’on obtient un résultat plus important que la somme des parties.”

“L’exercice nous a fait comprendre la valeur du travail transdisciplinaire, et nous en avons tous tiré des outils pour améliorer notre communication avec les personnes d’une autre discipline”, a ajouté Mme Blumenthal, étudiante de deuxième cycle au département de génie mécanique et industriel de l’Université de Toronto.

“Il est beaucoup plus difficile de travailler avec des gens provenant d’autres disciplines qu’avec ceux de la même discipline que soi. Mais lorsqu’on surmonte les premiers obstacles, on parvient à des résultats que l’on n’avait même pas envisagés.”

L’engagement des parties prenantes représentait un autre volet important du processus de recherche dans le cadre de l’Institut d’été. La création conjointe par des chercheurs et des parties prenantes nous a permis de nous assurer que les solutions répondaient bien aux besoins des personnes atteintes de démence et des soignants.

Jim Mann, qui vit avec la maladie d’Alzheimer et Ron B., qui pendant 10 ans a prodigué des soins à son père atteint de la maladie d’Alzheimer, ont participé à l’Institut d’été et ont assisté les équipes au cours de la période de cinq jours.

“Nous avons consulté Jim et Ron pendant nos séances de façon informelle pour leur présenter nos idées”, a indiqué M. Fong.

“Ils étaient tous les deux une source d’inspiration”, a ajouté Mme Blumenthal. “Nous avons discuté avec eux d’une foule d’idées qui n’allaient pas fonctionner au bout du compte. Ils ont pu nous présenter leur perspective de vie réelle, ce qui nous a aidés à comprendre ce qui était important pour les parties prenantes.”

Ron B. et Jim Mann se sont joints aux équipes pendant ou après les repas et pendant les pauses entre les conférences. De plus, Ron a répondu à des messages texte jusqu’à près de minuit.

DSC_0362“Ils manifestaient une grande motivation à comprendre la démence, à démarrer une entreprise et à relever le défi, et cela m’a impressionné” , a-t-il dit.

Un jour pendant une pause, Ron B. a vu un groupe de stagiaires près d’un lac : “Lorsque je me suis joint à eux, ils étaient dans le lac à discuter de leur projet. Ils prenaient leur mission au sérieux!”

Ron B. loue l’équipe d’organisation et les présentateurs pour le travail superbe qu’ils ont accompli pendant la première édition de l’Institut d’été.

“La direction d’AGE-WELL a établi un excellent modèle pour guider des chercheurs émergents, a-t-il assuré. Les participants ont sollicité l’avis des principales parties prenantes du début à la fin. Ils n’ont pas tenté de nous influencer, et ils nous ont toujours accordé beaucoup d’importance.”

Les dix participantes et les huit participants à l’Institut d’été provenaient de neuf établissements de quatre provinces différentes. Ils représentaient dix disciplines, de l’informatique à la psychologie, en passant par l’ingénierie biomédicale et l’éducation. Quatre des stagiaires étaient des étudiants de deuxième cycle, sept, de troisième cycle et sept autres étaient des boursiers postdoctoraux. Plusieurs étaient également des cliniciens. Les 18 stagiaires ont été sélectionnés parmi un groupe de 70 candidats.

En plus de travailler à leurs projets avec leurs équipes, les stagiaires ont assisté à des présentations et participé à des discussions sur des thèmes allant de l’équilibre entre le travail et la vie personnelle et la mise au point d’un modèle d’affaires viable à la façon d’effectuer une bonne présentation, en passant par le prototypage.

“J’accorderais une note de 10 sur 10 au stage”, affirme M. Fong. “C’était réellement inspirant de voir ce qu’on faisait à l’Institut d’été d’AGE-WELL pour abattre les cloisons qui existent historiquement entre les disciplines grâce à la recherche et à la collaboration, et pour nous encourager à envisager autrement un problème en vue de définir des solutions qui profiteront réellement à la société.”