AGE-WELL au CES – À Vegas, on change des vies…

Plus tôt ce mois-ci, la ville du péché a pris des allures de capitale mondiale des parfaits technophiles. Ils ont effectivement été quelque 170 000 à venir à Las Vegas dans le cadre du Consumer Electronics Show, maintenant tout simplement appelé CES.

C’est LE salon où technologies nouvelles, originales et parfois déjantées sont à l’honneur. Certaines pourraient changer des vies, d’autres risquent d’être reléguées aux oubliettes. On pouvait y voir toutes sortes de petits appareils, des véhicules et des gadgets électroniques, allant des bouchons d’oreille intelligents jouant des airs relaxants pour favoriser le sommeil au téléviseur qui se roule comme une affiche.

Mais le CES, c’est plus que de beaux joujoux. C’est un événement monstre, le lieu d’un dialogue sérieux sur les effets du progrès technologique.

Voilà pourquoi Alex Mihailidis, directeur scientifique d’AGE-WELL, faisait partie des conférenciers invités.

Ce dernier a participé au Digital Health Summit (sommet de la santé numérique), un congrès enchâssé dans le CES que l’on présente aux entrepreneurs comme une tribune visant à « tirer parti de nouvelles occasions à exploiter pour faire fructifier les affaires dans un secteur effervescent ». Ce congrès technologique sans égal à l’échelle mondiale en matière d’importance et d’influence reconnaît l’immense apport de l’innovation sur la santé et le bien-être.

Mihailidis était panéliste d’une séance intitulée What Happens in Vegas Changes Lives: Creating New Opportunities in Alzheimer’s care (À Vegas, on change des vies : élargir les horizons des soins aux personnes atteintes de l’Alzheimer). Et cette séance regroupait des invités prestigieux, dont Terry Bradwell, premier dirigeant, Innovation et stratégie d’entreprise pour AARP (anciennement la American Association of Retired Persons), une organisation influente comptant plus de 37 millions de membres, et Jeffrey Cummings, directeur du Lou Ruvo Centre for Brain Health, de la Cleveland Clinic. Le fait qu’AGE-WELL soit invitée illustre bien la réputation internationale que l’organisation a su se tailler à sa toute première année d’existence.

AGE-WELL’s Alex Mihailidis participating in CES panel through telepresence robot “Kubi."

Alex Mihailidis d’AGE-WELL a participé au panel du CES à distance, par robot Kubi.

Mihailidis n’était donc pas à Las Vegas, mais bien dans son bureau de Toronto. Voilà qui semble de mise pour un congrès sur la technologie! Il assurait ainsi une téléprésence robotique grâce à Kubi, installé sur un sofa parmi les autres panélistes. Mihailidis contrôlait le robot à 3 600 kilomètres de distance, notamment pour regarder le public ou les autres conférenciers.

La discussion avait pour thème le « périple de l’Alzheimer ». Il s’agissait d’un échange sur ce que vivent les personnes atteintes de cette forme la plus courante de la démence et les soignants, au fil de la maladie.

Mihailidis devait mettre les pendules à l’heure : sans manquer de reconnaître le potentiel immense des technologies pour aider les personnes atteintes de démence, il devait faire connaître la réalité, ce à quoi se butent les chercheurs, développeurs et spécialistes du marketing dans leurs premiers efforts.

« On propose des gadgets intéressants, mais ce n’est pas ce dont les gens ont réellement besoin », a-t-il affirmé en entrevue avant le panel.

Il a livré ce message aux personnes présentes à Las Vegas : « Nous ne comprenons pas encore tout à fait certains problèmes complexes que vivent les personnes atteintes de démence. Ces problèmes sont parfois impossibles à résoudre du fait que les besoins ne sont pas parfaitement cernés ou évoluent. »

« Les chercheurs et développeurs n’ont pas réussi à bien cibler les besoins des personnes qu’ils cherchent à aider. »

Mihailidis a mentionné entendre souvent parler de ces applications servant à mettre les personnes d’âge avancé en relation avec leur milieu. Tout cela est bien tant que celles-ci participent à la vie sociale, mais ces applis ne sont en réalité utiles qu’aux premiers stades de la démence. Les plus gros défis surviennent quand les personnes atteintes de démence commencent à oublier les choses essentielles. Elles oublient par exemple de boire de l’eau et se déshydratent. Elles oublient de remonter leur pantalon dans la salle d’eau, puis trébuchent et se blessent.

« Il faut une technologie pour ces éléments fondamentaux », selon lui.

Le directeur scientifique d’AGE-WELL a aussi indiqué aux gens présents que certains projets de recherche vont dans la bonne direction. À cet effet, il a cité l’exemple de la maison intelligente dotée d’un système de surveillance qui avertit les personnes atteintes de démence quand vient le temps d’effectuer certains soins personnels de base. On développe aussi des robots pouvant interagir avec les gens pour leur indiquer qu’il est temps de manger ou comment préparer un repas. Il existe par ailleurs certains moyens complexes de collecte de « mégadonnées » à domicile qui permettent les professionnels de la santé de suivre l’évolution cognitive de leurs patients et de prévoir l’apparition de la démence.

AGE-WELL finance des projets de recherche dans toutes ces sphères et elle tient à consulter étroitement les personnes d’âge avancé et leurs soignants pour s’assurer que les technologies répondent aux besoins des futurs utilisateurs.

Parlons, par exemple, du potentiel qu’offre la voiture sans conducteur, notamment pour aider les personnes atteintes de démence ne pouvant plus conduire. Même si ce type de véhicule haute technologie attire beaucoup l’attention, Mihailidis en a appelé à la prudence, affirmant qu’il fallait pousser la recherche pour déterminer la réelle efficacité d’un tel produit.

Il a conclu sur une note positive et pragmatique, affirmant que les produits capables de changer la qualité de vie existent bel et bien, mais qu’il y a avant tout urgence de trouver des solutions aux problèmes les plus complexes.

L’événement a aussi été l’occasion de présenter le nouveau partenaire d’AGE-WELL, soit la société pharmaceutique Otsuka America Pharmaceutical Inc., co-commanditaire du panel. On a aussi annoncé qu’AGE-WELL, en collaboration avec Otsuka et Aging 2.0, présentera une compétition de présentations d’accroche le samedi 23 juillet, à Toronto. La Compétition de présentations d’accroche d’AGE-WELL – Les technologies d’assistance pour les personnes atteintes de démence sera une belle occasion pour des entreprises en démarrage de faire rayonner leur marque auprès de partenaires et de clients potentiels. Quant aux entrepreneurs, ce sera l’occasion de réseauter avec des chercheurs de premier plan, des acteurs de l’industrie et des investisseurs lors de la réception à cette fin.