Écrit par Alex Mihailidis
Alors que la pandémie continue d’évoluer et devient un aspect normal de nos vies, il y a des souvenirs marquants qui ne doivent jamais être effacés et une leçon puissante que nous devons tous nous engager à tirer de l’expérience que nous avons vécue ces deux dernières années. Il ne faut plus jamais que les résidents de foyers de soins de longue durée souffrent et meurent comme ce fut le cas pendant la pandémie de COVID 19.
Un des enseignements les plus importants de la pandémie a été que de nombreux exploitants de foyers de soins de longue durée au Canada étaient mal préparés. Ils n’étaient tout simplement pas prêts. Ils ne disposaient pas de l’équipement de protection individuelle approprié pour leur personnel et ils ne savaient pas comment isoler les résidents de façon sécuritaire et avec compassion en cas de pandémie.
Nous en avons vu les amers résultats, que ce soit de première main ou devant notre téléviseur. Nous avons subi un choc. Nous avons été en deuil. Maintenant, nous devons faire mieux et la seule façon d’avancer est d’améliorer la qualité de vie des résidents des foyers de soins de longue durée, ce qui englobe la sécurité, mais en équilibre avec d’autres considérations d’ordre physique, social, mental, émotionnel et spirituel.
L’organisation d’élaboration de normes du Groupe CSA, un chef de file sans but lucratif en recherches pour normes, en élaboration de normes, en sensibilisation aux normes et en promotion des normes, a consacré les derniers mois à déterminer la marche à suivre pour y arriver.
Une ébauche de norme, Exploitation et prévention et contrôle des infections dans les foyers de soins de longue durée (CSA Z8004) est maintenant accessible pour examen public. C’est une feuille de route vers un changement en profondeur dans les foyers de soins de longue durée (SLD); vers un changement arrivant à un équilibre entre la sécurité des résidents et leur droit de vivre dans la dignité avec un certain niveau de risque.
La norme est le produit de plusieurs mois de travail effectué par un sous comité technique que je préside au nom du Groupe CSA. Le sous comité a mené des consultations à grande échelle et a écouté attentivement ce que tous avaient à dire, notamment des résidents, des fournisseurs de soins, du personnel de première ligne, des ingénieurs, des architectes, des exploitants de foyers de SLD et des universitaires.
La norme est large et exhaustive et porte non seulement sur les bâtiments physiques, la prévention et le contrôle des infections et l’exploitation, mais aussi sur le bien-être des résidents. C’est un complément à la nouvelle norme proposée sur les services en foyers de SLD en cours d’élaboration par l’Organisation de normes en santé (HSO), qui a été affichée pour examen public le mois dernier.
La norme préliminaire du Groupe CSA contient de nouvelles lignes directrices pratiques sur la manière d’aménager des salles de quarantaine adéquates; c’est-à-dire des salles de quarantaine qui préviennent efficacement la propagation des infections tout en atténuant l’effet réel de l’isolement sur les êtres humains. Nous pouvons aussi faire meilleur usage des technologies pour aider les résidents à garder contact avec leurs proches et pour alléger le fardeau du personnel, qui doit déjà composer avec une très lourde charge de travail.
Tout au long du processus, le sous comité a accordé une attention particulière aux résidents, en plus de reconnaître que ces établissements sont leur résidence, souvent même leur dernière résidence. Lors de la conception de bâtiments abritant des foyers de SLD, nous devons toujours garder à l’esprit ce facteur humain. Ces bâtiments doivent être accueillants et non de style institutionnel. Ils doivent favoriser et soutenir des interactions positives entre les résidents, les fournisseurs de soins et les proches. Trop souvent, les foyers existants négligent cet aspect.
En toute franchise, il y a un écart entre la sécurité et la qualité de vie. Les tissus et les surfaces qu’on trouve dans la chambre d’un résident doivent être conformes aux normes de nettoyage et de désinfections, mais nous voulons aussi que ces éléments soient confortables et accueillants. Je crois que nous avons atteint un point d’équilibre raisonnable.
L’aspect santé mentale des SLD a trop souvent été négligé. Les gens veulent vivre dans des endroits où ils sont heureux et se sentent en sécurité, appréciés et respectés. La norme tient compte de la vaste étendue de notre territoire national et du large éventail d’expériences de la vie des gens.
Nous avons été abasourdis d’entendre lors de nos consultations que beaucoup de résidents 2SLGBTQI+ ne se sentaient pas en sécurité, et encore moins respectés, à leur arrivée dans un foyer de SLD. C’est une réalité troublante sur laquelle les exploitants doivent se pencher.
Quand nous avons parlé à des Autochtones, nous avons appris qu’on faisait peu de cas de leurs pratiques culturelles comme la grande importance accordée à la préparation collective des repas et au partage de nourriture avec la famille et les amis.
Il existe certaines réalités concrètes : tous les foyers de SLD ne peuvent pas être rénovés de fond en comble. C’est pourquoi la norme suggère des améliorations importantes et réalistes. Par exemple, si des chambres pour une personne ne peuvent être aménagées, des mesures peuvent être prises pour aider à assurer la vie privée et la sécurité des résidents, notamment en évitant de loger plus de deux résidents par chambre. Le contrôle des infections est largement simplifié lorsque chaque résident dispose de sa propre chambre. Cela peut être irréaliste dans certains cas et c’est pourquoi la norme propose des solutions de rechange susceptibles d’améliorer grandement les pratiques existantes.
La norme qui vient d’être affichée n’est pas définitive. Que vous soyez un fournisseur de soins, un résident, un professionnel de la santé ou un exploitant de foyer, le sous-comité veut connaître votre opinion sur la norme. Nous examinerons toutes les réponses au cours des prochains mois et nous nous en servirons pour préparer la version finale de la norme.
Même à ce moment, le travail ne sera pas terminé. Pour mettre en place des changements réels, il doit y avoir un processus ascendant.
J’encourage tous les Canadiens et toutes les Canadiennes à maintenir la pression sur les exploitants de foyers de SLD et sur les décideurs politiques afin qu’ils agissent. Nous savons ce qui doit être fait, alors faisons le.