Sayeh Bayat : Comprendre la relation entre les personnes âgées et leur environnement

Sayeh Bayat

En tant que toute nouvelle professeure adjointe à l’Université de Calgary, Sayeh Bayat encourage déjà ses étudiants à faire un stage à AGE-WELL, une expérience qu’elle qualifie d’« incroyable » et qui a contribué à son perfectionnement en tant que chercheuse en technologie et en vieillissement.

« C’est l’une des premières choses que je dis à mes étudiants lorsqu’ils commencent dans ce domaine : participez au programme de formation EPIC (Jeunes professionnels, carrières inspirées) d’AGE-WELL », affirme Mme Bayat.

« AGE-WELL m’a vraiment aidée à faire de la recherche transdisciplinaire, à tisser des liens avec des personnes âgées et des intervenants pour en apprendre davantage sur leurs expériences et à entrer en relation avec des chercheurs et d’autres stagiaires ayant des intérêts semblables aux miens. » Mme Bayat a également reçu une bourse pour étudiants aux cycles supérieurs de la Faculté des sciences appliquées et du génie de l’Université de Toronto.

Lorsqu’elle était stagiaire chez AGE-WELL, sa grand-mère a reçu un diagnostic de maladie d’Alzheimer. « J’ai pu voir de mes propres yeux les changements qui s’opéraient dans sa vie et les difficultés auxquelles elle était confrontée. »

Cela lui a insufflé une motivation supplémentaire dans sa recherche alors qu’elle était aux études supérieures en génie biomédical à l’Université de Toronto, sous les bons conseils d’Alex Mihailidis, directeur scientifique chez AGE-WELL. Ses études portant sur la relation entre les personnes âgées et leur environnement ont mené à la publication d’articles scientifiques et ont fait l’objet de reportages à la BBC et dans le New York Times.

Étude novatrice sur le « cadre de vie »

Pour sa thèse de doctorat, Mme Bayat s’est penchée sur la question de savoir si la technologie de repérage par GPS peut être utilisée pour expliquer, influencer ou même prédire la démence. Dans le cadre de son étude, elle a utilisé la technologie de repérage par GPS pour suivre les déplacements de personnes âgées, certaines étant atteintes de démence (accompagnées par des aidants naturels de leur famille), et d’autres n’ayant pas de trouble cognitif (groupe témoin), dans leur collectivité, en voiture, en transport en commun, à bicyclette ou à pied.

Photo : Laboratoire Roe, Université Washington de St. Louis

Les résultats ont révélé que les personnes atteintes de démence se déplaçaient moins dans la collectivité, avaient moins tendance à se rendre à de nouveaux endroits ou à participer à des
activités sportives, et étaient plus susceptibles de participer à des activités médicales que le groupe témoin. Ces résultats pourraient avoir des incidences sur les politiques et les services offerts en matière de transport et servir de base aux stratégies communautaires en matière de démence.

C’est en présentant son étude dans le cadre d’une conférence internationale sur la recherche que Mme Bayat a rencontré une équipe de l’Université Washington de St. Louis avec laquelle elle et ses collègues de l’Université de Toronto et d’AGE-WELL ont par la suite collaboré dans le cadre de son deuxième projet de recherche de doctorat.

Les chercheurs voulaient découvrir si les habitudes de conduite étaient suffisantes pour déterminer si une personne âgée souffrait ou non de la maladie d’Alzheimer en phase préclinique, un stade précoce de la maladie pendant lequel la personne ne présente pas de symptômes. Mme Bayat et l’équipe ont conçu un modèle qui pouvait prédire avec une précision de 86 % si une personne âgée participant à l’étude souffrait de la maladie d’Alzheimer en phase préclinique uniquement en fonction de son âge et des données de conduite recueillies par un système de repérage par GPS dans sa voiture, et ce, sans recourir à des procédures médicales invasives ou coûteuses.

Ce que les chercheurs ont découvert fut fascinant.

« Les algorithmes d’apprentissage automatique ont permis d’identifier des tendances subtiles de conduite associées à des signes précoces de la maladie d’Alzheimer », explique Mme Bayat, qui continue d’explorer ce domaine de recherche fertile avec l’équipe de l’Université Washington. Par exemple, les personnes qui présentaient des signes précoces de la maladie d’Alzheimer étaient plus susceptibles de conduire plus lentement, d’effectuer des mouvements brusques, de voyager moins la nuit et de parcourir des distances plus courtes vers des destinations moins nombreuses en empruntant des itinéraires plus restreints, entre autres caractéristiques observées.

L’automne dernier, Mme Bayat a accepté un nouveau poste au Département de génie biomédical de l’Université de Calgary, de même qu’une nomination secondaire au Département de génie géomatique. Elle est également membre du Hotchkiss Brain Institute de l’École de médecine Cumming et directrice du Healthy City Laboratory.

Mme Bayat croit que la relation entre les personnes âgées et leur environnement « contient des renseignements importants sur leur santé et leur bien-être ». À l’heure actuelle, elle travaille

sur des biomarqueurs numériques qui permettraient de détecter plus rapidement la maladie d’Alzheimer.

Tout en poursuivant sa carrière universitaire et de recherche à Calgary, Mme Bayat souhaite poursuivre son travail à AGE-WELL, et s’intéresse particulièrement aux chercheurs en début de carrière.

« Je tiens à remercier tout le monde à AGE-WELL pour tout leur travail, car ils ont été incroyables avec moi; ils ont contribué à mon perfectionnement à la fois pendant mes études supérieures et maintenant, en tant que chercheuse en début de carrière. C’est formidable d’avoir accès à ce réseau sur lequel je peux compter : il s’agit d’un très bon système de soutien. »