Même si Shital Desai a passé une grande partie de sa vie universitaire à étudier les machines et les robots, elle n’oublie jamais les gens qui les utilisent. Dans son rôle de professeure adjointe en conception d’interactions à la School of Arts, Media, Performance & Design (AMPD) et de titulaire de la chaire de recherche en conception d’interactions accessibles à l’Université York, son travail dépend de sa capacité à comprendre les besoins des autres. Son objectif est de garder la composante humaine de la technologie à l’avant-plan.
Son parcours jusqu’à Toronto a été long. Originaire de l’Inde, Mme Desai a passé 25 ans à étudier, à vivre et à travailler en Australie. Elle a obtenu son doctorat de la Queensland University of Technology en conception d’interactions, avec une spécialisation en conception centrée sur la personne pour les enfants. Elle a beaucoup appris sur la façon dont les enfants interagissent avec la technologie en regardant sa fille (alors âgée de 6 ans) jouer, ce qui l’a inspirée à poursuivre un doctorat en conception d’interactions pour enfants. Ces études ont aidé Mme Desai à acquérir des connaissances qu’elle pourrait utiliser plus tard lorsqu’elle a commencé un nouveau chapitre en créant une technologie pour les personnes âgées après son déménagement au Canada.
Sa vie a changé du tout au tout lorsqu’elle a rencontré Arlene Astell (maintenant directrice du laboratoire de technologie et d’engagement sur le vieillissement de la démence [laboratoire DATE] au KITE Research Institute du Réseau universitaire de santé et chercheuse d’AGE-WELL) par l’entremise de Deborah Fels (maintenant à l’Université métropolitaine de Toronto). Ensemble, elles ont dirigé le projet de recherche Tungsten (Outils permettant de prendre en compte les besoins des utilisateurs afin de soutenir leur engagement en matière de technologie) d’AGE-WELL. Elles ont encouragé Mme Desai à venir en Ontario pour faire un postdoctorat avec AGE-WELL auprès de Mme Astell.
C’était il y a cinq ans. Mme Desai et sa famille se sont installées au Canada et son travail continue de l’inspirer et de la mettre au défi. Au laboratoire des systèmes sociaux et technologiques (SaTS) de l’AMPD, à l’Université York, elle conçoit et met au point des technologies accessibles, principalement pour les personnes âgées et les personnes ayant une incapacité, grâce à plusieurs subventions, notamment des subventions à la découverte du CRSNG et de la Fondation canadienne pour l’innovation. « Mes recherches sont axées sur la façon de garder les gens à la maison et dans les collectivités », dit-elle.
Dans le cadre de ses travaux de recherche, Mme Desai est profondément engagée auprès des collectivités de Jane and Finch, de St. Jamestown et de Rexdale. Elle collabore avec le Jane/Finch Centre et Albion Neighbourhood Services. Plus important encore, elle écoute les histoires et les expériences des personnes sur la façon dont la technologie les a laissées tomber. « Lorsque les gens n’ont pas l’infrastructure de base pour utiliser les technologies, dans quelle mesure ces solutions fondées sur la technologie peuvent-elles faire une différence dans leur vie quotidienne? » demande-t-elle.
La création conjointe est la solution, car elle réunit divers intervenants et des gens de diverses disciplines, des chercheurs aux ingénieurs en passant par les artistes et les experts en santé mondiale, afin d’élaborer des solutions. Ce n’est qu’un aspect d’AGE-WELL qu’elle apprécie. Ayant terminé sa formation EPIC, Mme Desai a vu les avantages du réseautage multidisciplinaire et des possibilités de financement, surtout pour les étudiants au baccalauréat et des cycles supérieurs.
Être capable de résoudre un casse-tête avec une multitude de pièces qui bougent continue d’intriguer Mme Desai, qui a fait un baccalauréat en génie électronique et une maîtrise en robotique. Lorsqu’elle essaie de résoudre des problèmes complexes, elle se détourne parfois de la technologie moderne. Elle prend plutôt des blocs LEGO, un outil pratique pour faciliter les pensées divergentes. Elle en garde dans son laboratoire, dans son bureau et à la maison, en plus d’en utiliser avec les étudiants dans ses cours. « Je les utilise pour faire un remue-méninges et cela me permet de me concentrer, de réfléchir et de planifier des stratégies », explique-t-elle.
Cela nous rappelle que créer une technologie, qu’elle soit complexe ou simple, est plus efficace lorsque les gens qui l’utilisent et les systèmes dans lesquels ils vivent sont au premier plan. Mme Desai le comprend très bien.